Olivier, l'as de la négo

À 18 ans, le bac en poche, Olivier Seban se rend compte qu’il n’a absolument pas l’intention de se lever tous les matins pour aller travailler. Constat légèrement effarant et vertigineux quand chacun sait qu’il doit cotiser plus de quarante ans, en moyenne, pour profiter du temps libre qu’offre la retraite. Qu’à cela ne tienne, Olivier se retrousse les manches et décroche son premier crédit immobilier sans un sou en poche. C’est dans ce domaine, dans lequel la négociation est religion, qu’il va faire ses gammes et affiner ses approches pour mieux comprendre les intentions de ses interlocuteurs. Olivier met à profit ses capacités d’écoute, devient plus exigeant dans ses demandes, obtient gain de cause et développe ainsi sa confiance en lui. Dans un premier temps, l’argent n’est pas le moteur principal. Avoir du temps libre, voyager, faire des rencontres… Voilà ce qui l’intéresse en premier lieu. Il rationne son rythme de travail afin qu’il soit très rentable. “Si je gagne 1 500 € en une heure, il me reste 23h de ma journée pour en profiter (...) donc mon objectif est de gagner le plus possible, très rapidement.” Pour parvenir à ses fins, la négociation est incontournable.

Contrairement à Jérémy, personnage d’un autre épisode de notre série L’Argent, dont les aspirations étaient les mêmes que celles d’Olivier, à savoir optimiser son rapport au temps, ils n’ont pas du tout la même méthode pour y arriver : Jérémy économise sou à sou quand Olivier négocie sur des grosses sommes. Calquée sur les réflexes archaïques de l’enfant qui réclame toujours plus, la formation mise au point par Olivier pour investir dans l’immobilier repose sur le fait qu’il ne faut jamais hésiter à demander. Passez votre chemin sur des produits non négociables ou lorsque vous êtes face à une personne qui n’a pas le pouvoir de décider et concentrez-vous sur des sommes qui feront à terme la différence sur votre capital ! Négocier 10 % sur un bien immobilier, c’est avant tout pour travailler 10 % de moins, selon la logique d’Olivier qui met toujours en perspective le temps et l’argent.

Olivier Seban bouscule le tabou qui existe autour de l’argent en France. En effet, il est plutôt malvenu de parler librement de son salaire et selon un sondage Ifop paru en 2012⁽¹⁾, 78 % des interrogés s’accordent à dire qu’il est mal perçu d’être riche en France mais (notre pays n’est pas à un paradoxe près !) 76 % de la population estime aussi que c’est une bonne chose de vouloir gagner de l’argent. Olivier, lui, a pris le contre-pied de ce penchant et affiche clairement ses ambitions. Avenant et sympathique, ce sont des qualités qu’il cultive pour arriver à ses fins sans compter qu’il sait très bien mener la conversation exactement là où il veut aller. Un peu déroutant pour ses interlocuteurs parfois, quitte à se demander où est la sincérité et où commence la manipulation ! Dans d’autres pays, ce soupçon serait balayé d’un revers de main tant l’art de négocier, de marchander le moindre objet du quotidien fait partie des codes culturels et traditionnels.

Pour la psychologue Marie-Claude François-Laugier, autrice du livre “comment régler ses comptes avec l’argent ?”, Olivier trouve un côté jubilatoire à la négociation : séduire l’autre, exploiter ses failles et remporter la victoire. Elle y voit même un jeu de comédien et cette façon de faire se ressent dans toutes ses interactions sociales. Ses multiples audaces et ses victoires successives ont eu un effet positif sur sa personnalité puisqu’elles ont été des moteurs indispensables pour développer sa confiance en lui. En conclusion, cette trajectoire de vie est plutôt inspirante mais elle ne sourit pas à tout le monde. Elle témoigne avant tout d’un mode de vie singulier avec lequel Olivier se sent en phase mais attention à ne pas en faire un modèle de réussite. Il y a d’autres façons d’être heureux sans avoir besoin de tout négocier à chaque coin de rue !