Le télétravail, une solution face à l'inflation
10 novembre 2022
habitat
A. Avec la pérennisation du travail à distance, les Français ont investi pour leur confort en télétravail
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Huit Français sur dix déclarent aujourd’hui que leur logement actuel est adapté au télétravail (81%), une proportion qui progresse fortement depuis 2021(+12 points). Cette hausse peut s’expliquer par les travaux réalisés par les Français télétravailleurs à leur domicile pour améliorer leurs conditions de télétravail. Au cours des douze derniers mois, quatre télétravailleurs sur dix ont réalisé des travaux pour adapter leur logement au télétravail ou s’aménager un espace de travail à domicile (41%). La plupart d’entre eux ont réaménagé une pièce qui avait un autre usage pour en faire un espace de travail (17%) ou ont ajouté une cloison pour diviser une pièce en deux et créer un espace isolé (12%). Pour ces travaux, ils ont dépensé en moyenne 611 euros.
- Les personnes qui aujourd’hui travaillent davantage à distance qu’auparavant ont notamment réalisé des travaux. C’est le cas de plus d’un télétravailleur sur deux qui faisait moins de télétravail avant la crise sanitaire (53%) ou pendant la crise sanitaire (59%) qu’aujourd’hui.
- Le confort de télétravail passe également par les équipements à disposition pour se recréer un bureau à la maison. Alors qu’on aurait pu imaginer une baisse de la part de télétravailleurs qui ont acheté des équipements, celle-ci progresse légèrement par rapport à l’an dernier (67%, +2 points). Une première explication pourrait être la restitution à l’entreprise d’équipements prêtés pendant la crise sanitaire. Une autre serait l’achat d’équipements différents pour venir compléter ceux acquis l’an dernier, du fait de la pérennisation du télétravail. Et en effet, alors qu’en 2021, les télétravailleurs avaient plutôt acheté du petit matériel, ils investissent cette année dans leur confort. La chaise de bureau, qui était en 5ème position l’an dernier est désormais l’équipement que les télétravailleurs ont le plus acheté (26%, +8 points). Deux télétravailleurs sur dix se sont également procuré une souris (22%, +3 points), un casque ou des écouteurs avec un micro (21%, +3 points), un ordinateur (21%, +1 point) ou encore un smartphone (21%, +4 points).
Le budget consacré à l’achat de ces équipements suit en revanche la tendance inverse et baisse de 69 euros, avec 435 euros dépensés en moyenne. Les Français ont pu revoir leurs dépenses à la baisse du fait d’un budget contraint, réduire leur budget équipements du fait des travaux à financer ou se tourner vers des équipements de seconde main/reconditionnés moins onéreux que le neuf.
- De même que pour les travaux, les télétravailleurs qui ont accru leur fréquence de télétravail ont dû se procurer des équipements. 75% de ceux qui travaillent davantage à distance aujourd’hui que pendant la crise sanitaire ont acheté au moins un équipement.
- Qu’il s’agisse des travaux ou des équipements pour télétravailler, les Français concernés ont financé leurs dépenses avant tout grâce à leurs revenus habituels (35% pour les travaux, 43% pour les équipements). L’épargne est la deuxième source de revenu utilisée (par 25% et 20% des Français qui ont réalisé des travaux ou se sont équipés), quasiment au même niveau que les facilités de paiement, à savoir un paiement en plusieurs fois, un crédit à la consommation ou un paiement différé (24% pour réaliser des travaux et 18% pour s’équiper).
- Le recours aux facilités de paiement est plus répandu au sein des foyers modestes. Un tiers des membres de foyers dont le revenu mensuel est inférieur à 2000 euros a utilisé ces modalités pour financer des travaux ou des équipements liés au télétravail.
B. Travailler de chez soi engendre également des dépenses quotidiennes qui pèsent sur le budget des Français
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Au-delà des dépenses directement liées à l’installation en télétravail, le travail à domicile induit également des dépenses plus indirectes. La première vague de l’enquête menée en septembre 2021 révélait déjà l’impact plus négatif que positif du télétravail sur le budget quotidien des Français. Cette année encore, à l’exception des déplacements (carburant, transports en commun) et de l’habillement, la part de télétravailleurs qui considère que leurs dépenses ont augmenté du fait du télétravail est systématiquement supérieure à celle qui estime qu’elles ont diminué. De plus et logiquement dans le contexte d’inflation, l’impact négatif perçu progresse. Dans le détail, les charges essentielles du foyer sont celles qui ont le plus augmenté, sous un double effet. Le premier, mécanique, est lié à la plus grande présence à domicile ; le second plus circonstanciel est en rapport avec la période d’inflation. Plus de sept télétravailleurs sur dix estiment que leurs dépenses en électricité/gaz/eau ont augmenté avec le travail à domicile (71%, soit douze points de plus qu’en septembre 2021). Le chauffage et l’alimentation sont également concernés par les hausses, respectivement 59% (+9 points) et 55% (+3 points) des Français ayant perçu une augmentation. Trois postes de dépenses ont plus diminué qu’augmenté. 27% des télétravailleurs déclarent que leurs dépenses en habillement ont diminué tandis que 20% estiment qu’elles ont augmenté. Logiquement, les dépenses relatives aux déplacements ont également plutôt diminué. 27% des télétravailleurs évaluent que leur budget transports en commun a baissé, pour 18% qui observent une hausse. Si la tendance est la même pour le carburant (42% enregistrent un budget en baisse pour 29% qui voient une hausse), la part de personnes qui ont vu leur budget augmenter progresse fortement depuis 2021 (+6 points). Ce résultat peut s’expliquer par la tension actuelle sur le carburant en France (et donc une augmentation qui ne serait pas due directement au fait de télétravail) mais aussi par des possibles déménagements qui ont entrainé des trajets domicile/travail plus longs ou une nécessité d’utiliser la voiture.
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Les retombées de l’inflation se constatent auprès des Français qui travaillent de chez eux le moins souvent. Les télétravailleurs ponctuels (quelques jours par mois) ressentent davantage le poids du carburant sur leur budget. Ils sont autant à déclarer que leur budget carburant a augmenté du fait du télétravail qu’à affirmer qu’il a diminué (37%).
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Pour compenser ces dépenses liées au télétravail, 87% seraient prêts à rogner sur d’autres parties de leur budget. Ils seraient notamment enclins à réduire les dépenses dans les domaines sur lesquels ils réalisent déjà des économies en travaillant à distance. Sept télétravailleurs sur dix pourraient ainsi envisager de réduire leur budget carburant (74%, dont 28% sans aucun doute) ou habillement (69%, 24% sans aucun doute). Ils sont en revanche plus réticents à réduire les dépenses qui auraient un impact sur leurs conditions de travail comme la consommation alimentaire, mais la part de Français qui pourraient envisager de sacrifier cette dépense est non-négligeable (43%). Il en va de même pour les dépenses de santé qui sont certes le poste de dépense que les télétravailleurs seraient le moins enclins à réduire, mais que 30% d’entre eux pourraient envisager de diminuer.
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Les contraintes financières semblent particulièrement fortes pour les foyers modestes. Un télétravailleur sur deux dont le foyer gagne moins de 2000 euros par mois serait prêt à réduire ses dépenses de consommation alimentaire (59%) ou de santé (49%) pour compenser le budget télétravail alors que seulement 37% et 24% des membres de foyer aux revenus plus élevés pourraient le faire.
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En plus ou au lieu des arbitrages financiers, les télétravailleurs peuvent également changer leurs habitudes pour réduire ces dépenses. 87% seraient d’ailleurs prêts à consentir à au moins un effort parmi la liste proposée. Il s’agit avant tout de concessions qui auraient peu d’impact sur leur confort quotidien, comme cuisiner eux-mêmes leurs déjeuners (63% dont 34% le feraient certainement), éteindre et débrancher leur ordinateur à la fin de la journée (62%, 36% certainement), remplacer les ampoules de leurs lampes par des ampoules basse consommation (60%, 30% certainement). A l’approche de l’hiver, 57% pourraient imaginer de baisser le chauffage dans leur logement. Notons que deux télétravailleurs sur dix réalisent déjà ces actions. D’autres efforts plus contraignants recueillent moins d’assentiment mais dans un contexte de tension budgétaire, une proportion significative y consentirait. Plus d’un tiers des télétravailleurs pourraient ainsi envisager de ne pas mettre de chauffage dans leur logement (35%) ou encore de ne pas prendre de douche lorsqu’ils sont en télétravail (34%).
C. Pour autant, l’impact financier du télétravail aujourd’hui n’est pas une fatalité pour les télétravailleurs, qui entrevoient des bénéfices
- Malgré l’impact budgétaire du télétravail qu’ils constatent aujourd’hui, les Français relativisent ses retombées négatives. Si l’inflation a certes un impact sur les dépenses de télétravail, les télétravailleurs estiment que ses effets sur leur budget seraient plus forts s’ils ne travaillaient pas à distance. 70% d’entre eux sont ainsi convaincus que davantage travailler de chez soi est une bonne solution pour limiter les effets de l’inflation et 25% le sont tout à fait. Par ailleurs, ils sont optimistes à l’égard de l’impact positif du télétravail sur leur budget à long terme. Les trois quarts d’entre eux estiment que sur le long terme, le travail à domicile leur permettrait de faire des économies (74%, +6 points depuis septembre 2021). Deux hypothèses peuvent expliquer ces perceptions : 1 - En premier lieu, le télétravail implique des dépenses à court terme de travaux et d’équipements qui ne seront pas à renouveler tous les ans. 2 - Par ailleurs, limiter les frais de déplacement semblent être la priorité pour les Français, et ce budget diminue lorsqu’ils travaillent de chez eux. En mai 2022, dans l’étude Sofinco sur le budget transports, plus d’un Français sur deux déclarait que les transports représentaient une charge financière importante dans leur budget (55%)(1) . Cela se confirme aujourd’hui : plus des trois quarts des télétravailleurs préfèreraient davantage travailler à distance pour éviter les frais de déplacement (78%) alors que seulement 20% opteraient pour moins télétravailler pour éviter les dépenses personnelles (chauffage, électricité etc.).
- De plus, l’impact financier du télétravail peut être compensé par les entreprises, perçues comme les gagnantes dans la pérennisation du travail à distance. En effet, lorsqu’on demande aux Français télétravailleurs qui de l’entreprise ou des salariés voit ses dépenses réduites avec le travail à domicile, le constat est clair : près d’un télétravailleur sur deux cite l’entreprise (47%) quand 24% mentionnent les salariés. Néanmoins, les entreprises semblent conscientes des conséquences financières du télétravail pour leurs salariés et agissent pour les limiter : plus d’un télétravailleur sur deux déclare que son entreprise a pris des mesures pour limiter l’impact financier du télétravail pour les salariés (57%). Et les salariés expriment de manière très nette leur préférence quant à la forme que pourraient prendre ces mesures. Plus des trois quarts souhaiteraient recevoir une indemnité télétravail mensuelle de leur employeur pour compenser les frais quotidiens engagés (76%) plutôt que recevoir une aide exceptionnelle unique pour financer l’achat d’équipements (22%).
- Les mesures pour limiter l’impact du travail à distance sont plus répandues dans les petites et moyennes entreprises. Six télétravailleurs sur dix dans des entreprises de 10 à 49 salariés (69%) ou 50 à 249 salariés (63%) en ont bénéficié, contre 52% de ceux qui travaillent dans des entreprises de 1000 salariés et plus.
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Travailler de chez soi peut également être une opportunité de déménager et gagner en qualité de vie, et l’impact financier ne serait pas un frein pour certains. A la question « Si votre entreprise pour faire des économies (d'énergie, de loyer, de ménage...), vous demandait d'être à 100% en télétravail mais ne compensait pas intégralement les frais que vous engagez personnellement liés au télétravail (électricité, chauffage, internet, déjeuner...), envisageriez-vous ou non de déménager ? », près de quatre télétravailleurs non-permanents sur dix déclarent être prêts à changer de lieu de résidence. Ils opteraient tant pour un logement à la campagne (13%), que pour un logement plus grand (13%), avec un extérieur (12%) ou dans un quartier/une zone qui leur plait davantage (12%). Au final, 93% des Français concernés accepteraient la situation (même s’ils n’en profiteraient pas tous pour déménager) et seulement 7% quitteraient leur entreprise si elle leur demandait d’être à 100% à distance.
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Les jeunes télétravailleurs seraient particulièrement enclins à déménager dans cette situation (62% des moins de 35 ans), avec pour objectif premier un logement plus grand (23%).
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La possibilité de gagner en superficie attirerait également les télétravailleurs qui bénéficient aujourd’hui de la surface la plus réduite. 51% de ceux dont le logement fait moins de 50m2 déménageraient dont 20% pour un logement plus grand.
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En conclusion, cette étude révèle plusieurs grands enseignements :
- Le travail à distance a survécu au retour à la normale et s’est aujourd’hui pérennisé dans les habitudes de travail des actifs. Et cela n’est pas sans un impact financier important pour les télétravailleurs. Tout d’abord, cela a nécessité a minima d’investir dans des équipements informatiques et bureautiques voire pour certains de réaménager leur logement pour se garantir de bonnes conditions de télétravail. Ensuite, le travail à domicile transfère une partie des charges quotidiennes de l’entreprise au salarié, sur des postes de dépenses touchés par l’inflation.
- Face à cette situation, deux solutions s’offrent aux télétravailleurs pour faire face à leurs dépenses accrues : compenser en réduisant leurs dépenses dans d’autres domaines, parfois essentiels, pour ne pas être dans le rouge ou changer leurs habitudes quotidiennes pour limiter les charges induites par le télétravail. L’entreprise peut également être un soutien financier face à ces dépenses.
- Le travail à distance a cependant un impact positif indéniable sur le budget transports. Dans le contexte de hausse des prix du carburant et de difficultés d’approvisionnement, cet atout majeur influence fortement la perception de ce mode de travailp. Pour les télétravailleurs, travailler à distance est un moyen de se préserver, ne serait-ce qu’en partie, des effets de l’inflation et leur sera bénéfique sur le long terme.
- Par ailleurs, travailler de chez soi peut permettre de gagner en qualité de vie en déménageant, et une partie des télétravailleurs seraient disposés à le faire, même si cela impliquait des frais supplémentaires.
Retrouvez l'étude complète en cliquant ICI.
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